« Je ne sais jamais si j’ai envie des enfants, ca dependra surtout d’la personne avec qui j’aurai envie d’en avoir.
Et une clinique espagnole va m’aider a ne point en faire une montagne. » Telle fut la reponse de Johanna Levain lorsque le date lui a demande si elle voulait des enfants. Pas particulierement emballee via l’idee de devenir maman, cette feministe de 35 annees a decide de se laisser le temps d’en avoir – ou nullement – grace a la technique d’autoconservation des ovocytes. Elle explore alors l’univers d’une PMA avec son regard de journaliste (elle reste co-fondatrice de Cheek Magazine), mais aussi et surtout de femme libre et epanouie. En 12 chapitres, correspondant tous a l’un des mois de sa 35eme annee, Myriam Levain temoigne de ses interrogations et de ses recherches sur l’autoconservation des ovocytes dans un livre intitule Et toi, tu t’y mets quand ? (Flammation, mai 2018). Alors la France legalisera-t-elle cette pratique, dans le modele de l’Espagne ainsi que la Belgique ? La generalisation de une telle technique service de rencontres religieuses pourrait-elle deboucher dans de nouvelles formes de discriminations au boulot ? Et a quoi ressemblera une societe dans laquelle on pourra enfanter si on veut, si l’on souhaite et « tel on le veut » ?
Johanna Levain a une vie bien remplie, divisee principalement en trois activites : son projet, les voyages et la fete. Sans forcement aspirer a faire perdurer votre style de life ad vitam eternam, elle n’a aucune l’envie d’en changer au sein d’ un futur proche. Surtout quand elle voit ses amis crouler sous des couches et les galeres de baby-sitters.
Notre journaliste a l’impression que l’avenir lui appartient. Et pourtant, le lendemain des 35 ans, elle realise qu’elle doit commencer a enlever sa visiere de « postponer » (celles qui remettent a prochainement) afin d’effectuer face a la question une fertilite feminine : celle-ci vient de depasser Au moment qui la fera « basculer dans la categorie des 35–49 ans Afin de des sondages, mais surtout a partir duquel on n’a cesse de me repeter que je serai de moins en moins bonne a procreer », ecrit-elle des les premieres pages de le livre.
En finir avec la pression de l’horloge biologique
Pourtant, aujourd’hui, 30% des dames en France n’ont jamais d’enfants a 35 ans. Et si votre pourcentage inclut 4% de « child free » (des personnes qui font le choix de ne pas procreer) , celles-ci ne semblent pas majoritaires. Pour d’autres – dont Myriam Levain fera part – votre n’est juste pas le bon moment, soit parce qu’elles n’en ont pas encore envie, soit parce qu’elles n’ont pas de mari. D’autres, bien, ont des complications de sante ou seront lesbiennes. Pour toutes ces jeunes filles, le tic-tac de « l’horloge biologique » s’fait entendre, et peut devenir une vraie source d’angoisse. Or c’est exactement ce que fuit l’auteure lorsque, en constatant l’ecart entre sa vie de CSP+ parisienne celibataire cela que lui impose son corps, elle commence a envisager l’autoconservation de ses ovocytes comme une option de confiance.
Notre petit femme se lance alors dans un travail d’investigation qui finit avec se transformer en prise de parole militante. Car elle voit dans une telle technique un veritable enjeu d’emancipation feminine : « J’ai liberte des jeunes filles passe par la reappropriation de leur corps » , nous repete t-elle au cours de notre rencontre.
« Comment armer les femmes Afin de qu’elles ajustent au maximum leurs aspirations personnelles a leur horloge biologique, sans paniquer ni se ruer sur le premier geniteur qui marche ? »
Dans son livre, Johanna emmene principalement ses lecteurs chez le gyneco, ou l’on apprend que l’autoconservation reste une technique scientifique consistant a prelever des ovocytes (couramment appeles ovules) avant de les congeler a –196°C. On y lit aussi que cette fonctionnel est illegale en France, sauf Afin de ces dames atteintes de pathologies telles que l’endometriose ou le cancer, dont des traitements pourront Realiser chuter la fertilite. On la suit dans les reunions clandestines auxquelles elle participe et ou elle obtient des reponses a des questions techniques i propos des diverses etapes de l’autoconservation des ovocytes et le cout d’une telle demarche.
Plusieurs questions techniques que Johanna se pose en tant que femme decoulent celles d’une journaliste : pourquoi une pratique aussi liberatrice Afin de les femmes est-elle illegale en France ? Qu’est-ce que i§a dit de notre societe ? Alors que les etats generaux de la bioethique viennent de se refermer, et qu’une revision de la loi bioethique est prevue a l’agenda politique avant la fin de l’annee 2018, le livre de Johanna Levain arrive du reste a point nomme pour remettre dans la table le sujet sensible du libre choix de procreer.
L’autoconservation, un thi?me gui?re si tabou ?
Di?s que elle teste ses copains sur son intention de se lancer dans l’autoconservation de ses ovocytes, Johanna reste agreablement surprise : les reactions seront plutot encourageantes, la preuve d’apres cette dernii?re que la question est moins tabou qu’il n’en a l’air. « Mais attention, insiste-t-elle, je suis consciente de vivre dans un contexte parisien particulier. Et je ne pourrais pas pretendre a votre qu’il soit representatif de l’ensemble de la societe » Ses interviews avec des medecins, des historiennes et des penseuses feministes lui apportent plus tard une contextualisation et des regards experts sur votre qu’elle considere etre bien « un sujet de niche » .
La situation de Johanna s’inscrit dans un contexte particulier : celui d’une agence qui evolue a toute vitesse, ou les femmes veulent plus que jamais s’affirmer dans leur vie professionnelle, ou nos divorces se multiplient et ou la maternite est De surcroi®t en plus percue tel quelque chose qu’il convient de se reapproprier de maniere individuelle. Bref, une epoque ou le mariage et le « foyer » ne sont plus vraiment une priorite ni l’outil de mesure d’une vie reussie.